Tout ne se passe pas toujours comme prévu et chaque grossesse est différente… Le récit de mon hospitalisation pour MAP à 7 mois de grossesse.
Il y a quelques jours, nous avons eu une grosse frayeur : après une journée de contractions régulières et douloureuses, j’ai été admise à la maternité pour y être placée en surveillance. Le mot était lâché : menace d’accouchement prématuré ou MAP à 7 mois de grossesse. Autant dire que c’était une situation inédite et effrayante pour nous et que ces derniers jours ont été riches en émotions.
Aujourd’hui je voulais poser un peu de tout ça ici, entre la peur d’accoucher trop tôt de ce troisième bébé, mon séjour à l’hôpital et ce qui m’attend pour la suite.
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MAP 7 mois de grossesse : la frayeur
Je n’ai jamais accouché très « en avance » : mes filles sont nées respectivement 4 jours après et 10 jours avant mon terme. Si pour la grande on me prédisait un accouchement plus tôt car j’avais beaucoup de contractions, pour la petite je n’en ai pas vraiment eu avant le jour J. Alors, cette fois, pour moi ça serait pareil : aucune raison de s’inquiéter surtout qu’on était confinés depuis plus de 2 mois en famille sans prendre trop de risques.
Et puis ce mercredi 27 mai, une grosse fatigue dans la matinée. Je me couche et peu avant midi, je sens des contractions régulières. J’essaie de ne pas m’inquiéter, on mange en famille, mais ça continue de tirer. Je me recouche cette fois avec une application pour mesurer les contractions. S’en suivra plus d’une heure à constater que toutes les 2 minutes je contracte et que ça en devient douloureux : des douleurs lombaires d’abord puis des douleurs de règles ensuite avec cette sensation caractéristique que ça « monte » avant d’atteindre un pic de tension/douleur et que ça redescend ensuite.
14h30 : j’appelle la maternité, en me disant qu’ils vont me rassurer, forcément, je dois trop m’inquiéter. On me répond de venir immédiatement aux urgences pour un monitoring et une écho. Les nerfs lâchent, je pleure, on part en catastrophe pour me déposer aux urgences puis laisser les enfants à mes parents. Pendant que j’attends monsieur, je suis prise en charge par une sage femme très à l’écoute qui m’installe et me prépare pour un contrôle.
Monsieur arrive vers 15h et commence une demi heure pénible où je dois rester allongée avec un monitoring que la demoiselle ne supporte que très peu : la conclusion sera la même que chez moi… Contractions régulières assimilées à un début de travail prématuré.
C’est trop tôt, je fonds à nouveau en larmes, je ne m’y attendais pas. Je fais plusieurs tests urinaires, les sage femme vont et viennent, tentent de joindre mon obstétricien. En l’espace d’une demi heure, j’apprends tour à tour qu’on va me renvoyer chez moi avec du spasfon, puis qu’on va m’hospitaliser, puis que mon gynécologue va me voir pour faire une écho de mon col. La sage femme me confie qu’elle est inquiète au vu du monito : selon elle il faudrait un deuxième avis. Elle en prendra d’ailleurs un entretemps : la gynécologue et le pédiatre de garde en salle de naissance veulent me garder pour surveillance.
Je me rends ensuite en salle d’attente dans un autre bâtiment pour voir mon obstétricien en urgence : il y a de l’attente, je dois patienter, avec au passage une voie veineuse dans le bras et des contractions toujours présentes. Mon mari n’est pas autorisé à attendre ou venir avec moi, il restera une bonne heure à l’extérieur du bâtiment, COVID oblige. Je me sens seule, j’ai peur, mais quand mon docteur me reçoit les nouvelles sont bonnes. Mon col n’a pas bougé et les contractions ne semblent pas avoir d’effet sur lui : il est très long, fermé à triple tour et la tête de bébéloute n’appuie pas dessus. Reste que ces contractions sont inquiétantes : selon lui j’ai un utérus hyper contractile (diagnostic déjà posé auparavant pour ma grande d’ailleurs) mais vu le monitoring il faut me garder en observation. Il m’assure que ça ne durera que 24 heures et que je sortirai 2 jours plus tard : quelques cachets pour stopper les contractions, des monitorings, des analyses de sang, un repos au lit strict et un nouveau contrôle du col pour la sortie le vendredi. Nous sommes le mercredi soir et j’accuse le coup : je vais devoir rester à l’hôpital loin des miens et je ne suis pas encore très rassurée pour la suite des évènements.
A ce stade on me précise bien que je ne suis pas tout à fait en menace d’accouchement prématuré : car normalement le diagnostic de MAP requiert des contractions régulières et un col court et modifié.
Mon séjour en surveillance à la maternité
Je dois d’abord repasser aux urgences pour des prélèvements et papiers : je me retrouve dans la même salle d’examens avec la même sage femme adorable qu’en début d’après-midi. Il est 18h30 et on m’annonce qu’il va falloir me piquer dans la fesse à 2 reprises en 24 heures pour faire maturer les poumons de mon bébé. « Au cas où », ce qui se comprend aisément, mais cette perspective me fait pleurer à nouveau. Déjà quand on déteste les piqures, cathéters et autres intraveineuses, c’est compliqué. Mais au delà de cela, je réalise une fois de plus que mon bébé risque de naitre trop tôt et qu’elle n’est pas prête.
19 heures : je monte en chambre et monsieur part récupérer des affaires pour mon séjour. On m’explique que je vais avoir des comprimés à prendre toutes les 8 heures pour stopper les contractions pendant 24 à 48 heures et que si cela ne marche pas, il faudra me perfuser. On me prévient aussi que si à 34 SA (soit dans quelques jours) j’ai toujours ces contractions, on ne pourra plus rien faire pour les stopper. Monitoring tous les matins pour surveiller maman et bébé, chambre double car le service est saturé, on m’informe que rien n’est prévu pour mon repas mais qu’on va se débrouiller.
Evidemment le mot DIABETE est noté en gros sur mon dossier, je me console en me disant que ma demande d’éviction de PLV est passée sans problème (merci aux équipes qui ont tout de suite accédé à ma requête à ce sujet !). Je suis en régime strict diabétique, avec à nouveau des contrôles de glycémie 6 fois par jour, alors même que mon poids dégringole… Je finirai le séjour à moins de 4 kg pris par rapport à mon poids d’avant grossesse, soit bien trop bas vu mon petit gabarit.
Je pense que cet aspect « diabète » a été une des choses les plus difficiles à gérer, avec le recul : les corticoïdes injectés à haute dose pour les poumons de mon bébé ont eu pour effet d’augmenter mes glycémies. Mais on y reviendra.
Je mange donc 2 biscottes complètes et une compote. Ma voisine d’à côté a elle amené des snacks bien sucrés qu’elle peut manger quand bon lui semble : tant mieux pour elle car elle est elle aussi en situation de MAP (plus grave que moi d’ailleurs !) mais il me sera difficile de supporter les odeurs de sucreries jour et nuit alors que mes repas sont réduits au strict minimum.
La première nuit est horrible : contractions jusqu’à 3h du matin (soit la prise du deuxième comprimé visant à les stopper, pas besoin de mettre de réveil, je n’aurai somnolé que 30 minutes) puis les effets secondaires des corticoïdes débarquent : impatiences dans les jambes et les bras, impression de suffoquer, d’être constamment agitée. Je ne fermerai plus l’oeil jusqu’au lever du jour.
J’en fais part le matin à l’équipe : effectivement, c’est normal. Certains réagissent fort au traitement mais il n’y a pas le choix. Ma glycémie a jeun est sans surprise un peu haute (1,3 de mémoire, j’apprendrai plus tard que ce n’est pas « très haut » avec des doses pareilles mais bref) et celles d’après seront dans la même tendance… Surtout avec la deuxième injection prévue en fin de journée le jeudi.
La bonne nouvelle c’est que les contractions se sont calmées : le monitoring du jeudi matin est rassurant et mon médecin m’assure au téléphone que ça m’annonce une sortie le lendemain. Les contractions finiront par se stopper totalement dans la matinée, au grand soulagement de tout le monde. J’arriverai même à dormir un peu dans l’après midi.
Et puis arrive la fin de journée, la deuxième piqure de corticoïdes qui sera tout sauf agréable, mais mon mari me rejoint et je peux appeler les enfants en visio. Un petit temps de répit avant la nouvelle qui plombera ma fin de séjour : mon endocrino trouve mes glycémies trop hautes (comprises entre 1,10 et 1,4 soit une hyperglycémie légère, surtout sous corticoïdes), je dois donc passer aux piqures d’insuline. La sage femme est désolée et compatit à ma douleur : ça commence à faire beaucoup et avec la fatigue je pleure une nouvelle fois, je veux juste rentrer chez moi, dormir, manger un peu, qu’on arrête les piqures et qu’on m’annonce une bonne nouvelle. J’essaie de me concentrer sur une chose cruciale : bébé va bien, les contractions se sont arrêtées, on va finir par rentrer et la menace d’accouchement prématuré s’éloigne.
Mais c’est difficile quand on n’a pas dormi, même si je tente de relativiser. Ma tension est de plus très basse, ce qui ne cadre pas avec un diabète gestationnel. Je n’ai pas très faim, de toute façon, alors j’essaie de dormir entre deux cachets, piqures d’insuline, contrôle de glycémies et visites des sage femmes.
Et la deuxième nuit : je dors ! Certes, j’ai toujours l’impression de suffoquer, je transpire une bonne partie de la nuit, je dois me réveiller pour prendre mon traitement mais je dors enfin et bébé va toujours bien. Après une douche et un petit déjeuner au café sans sucre et pain nature, le monitoring est formel : zéro contractions ! Mon gynécologue autorise ma sortie, les sage femme aussi, on me débarrasse de ma voie dans le bras et je règle les dernières formalités. Les résultats de tous les examens sont bons et on ne sait pas si qui a provoqué ces contractions : mais peu importe, je suis rentrée auprès des miens avant midi.
Retour à la maison… mais alitée !
Certes, je dois garder le lit et continuer à me piquer à l’insuline le temps que les corticoïdes ne fassent plus effet , mais je respire. Bon, le coup de fil du midi de l’endocrinologue pas très content que je n’ai pas attendu son avis pour ma sortie (alors que je ne savais pas qu’il devait le donner ni même passer me voir, bref) me fait à nouveau me sentir comme si j’avais 4 ans mais je choisis de ne pas m’énerver : on arrête l’insuline c’est tout ce qui compte !
C’est un des trucs qui m’ont le plus exaspérée je dirais : la prise en charge et la surmédicalisation de ce fameux diabète gestationnel alors que l’urgence n’était selon moi pas là. Mon gynécologue m’a d’ailleurs dit que selon lui il n’y avait pas lieu de procéder aux corticoïdes et donc à l’insuline… J’essaie de ne pas ressasser certaines choses mais les discours contraires entre les différents praticiens peuvent être déroutants. Si d’un côté on s’inquiète de mes petites tensions, mon anémie, mes carences nutritionnelles et le fait que je perdais du poids enceinte de 7 mois, de l’autre on insiste constamment sur ce fameux diabète. Dans les faits, je suis aujourd’hui à +5kg par rapport au début de ma grossesse, j’ai une tension à 8/6 voire 9/6 les bons jours, un bébé dans les courbes basses niveau poids, des glycémies tout à fait normales même en mangeant un peu plus parfois, et je n’ai aucun facteur de risque ni antécédent. Je comprends qu’on soit très vigilant sur ce point mais selon mon obstétricien mon diagnostic est erroné : le taux à jeun que j’ai obtenu à l’HGPO n’était pas au dessus des seuils mais surtout, je n’ai jamais eu de tels taux par la suite.
On ne saura sans doute jamais le fin mot de cette histoire de DG mais désormais mon objectif est simple : garder mon bébé au chaud le plus longtemps possible et reprendre le poids perdu pour qu’elle grossisse un peu. J’ai la consigne de rester au lit le plus possible, ce qui est évidemment compliqué avec deux enfants mais je n’ai aucune envie de retourner à l’hôpital.
Je n’ose même pas imaginer ce qui vivent les futures mamans avec un « vrai » diagnostic de MAP et qui doivent garder le lit de longues semaines avec la peur au ventre…
Je finirai ce long billet par des remerciements à tous ceux qui m’ont envoyé des messages sur les réseaux : vous avez été d’un soutien précieux et je ne m’attendais pas à en recevoir autant. Merci 1000 fois.
Bon courage, tiens bon
Merci beaucoup 🙂